« On parle toujours des vainqueurs, jamais des vaincus » : un musée sur les prisonniers allemands pendant la Seconde Guerre mondiale en projet

Article paru sur le site France 3 Région et France Info – 08/05/2025.

Le 8 mai 1945 sonne la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais pas encore le retour des 3,8 millions de prisonniers allemands chez eux, capturés pour certains depuis juin 1944. Au camp de Foucarville, dans la Manche, qui a accueilli jusqu’à 100 000 soldats allemands, les derniers sont partis en février 1946. Retour sur cette captivité de masse, oubliée par l’Histoire, et bientôt présentée dans un musée.

Drapeaux allemand, français et américain flottent devant l’ancienne entrée principale du camp de prisonniers allemands à Foucarville (Manche) • © Thomas Tavitian – france télévisions

Longtemps, la guerre ne s’est racontée que du point de vue des vainqueurs.

Dans les vitrines des musées consacrés à la Seconde Guerre mondiale, l’éternel absent, c’est le prisonnier allemand. Et pourtant, ils ont été des millions incarcérés dans les camps tenus par les Américains, les Britanniques ou les Français.

L’un des plus grands camps en Europe s’est établi à Foucarville dans la Manche, aujourd’hui commune déléguée de Sainte-Mère-Église, à quelques kilomètres de la plage d’Utah Beach, juste après le Débarquement. Mais qui s’en souvient ?

L’association Warren J. Kennedy s’est donné pour mission d’ériger un musée en hommage à ces détenus, le premier consacré à la captivité de guerre en Europe libérée. Il sera installé sur la commune de Ravenoville, à quelques mètres de l’une des anciennes entrées du camp de Foucarville.

Foucarville : l’un des plus grands camps de prisonniers allemands en Europe

Dès le Débarquement, le 6 juin 1944, les Alliés doivent gérer les prisonniers. Les premiers captifs sont parqués sur les plages, puis dirigés vers des camps de transit, avant d’être envoyés en Grande-Bretagne.

Mais ce système, pourtant anticipé par les Alliés en amont, va vite être dépassé. Très rapidement, la Grande-Bretagne est saturée de prisonniers. Des camps sont mis en place sur le sol français. Et en décembre 1944, le camp de transit de Foucarville devient le Continental Central Enclosure n°19. Pendant plus d’un an, ce camp, sous commandement américain, va devoir accueillir jusqu’à 10 000 prisonniers parfois dans la même journée, capturés à des centaines de kilomètres de là, au fur et à mesure de l’avancée du front.

Au gré des arrivées, le camp va s’agrandir, grignotant les terres des paysans, jusqu’à atteindre la superficie de 100 ha. Et Jean Quétier, trésorier de l’association Warren J. Kennedy et ancien maire de Ste-Mère-Église aime à rappeler que Foucarville, à cette époque, était alors « la première commune de la Manche », en termes d’habitants. 

Dans ce camp, ont été construits des églises, un théâtre, des boulangeries, et même un train pour livrer la nourriture dans chaque enclos, comme l’ont raconté deux habitants dans un livre : « Prisonniers allemands en Normandie – un camp américain – Foucarville – 1944-1947 » écrit par Anne Broilliard et Benoît Lenoël et publié en 2017 aux éditions OREP. 

À Foucarville, commune déléguée de Ste Mère Église s’est établi, en 1944, l’un des plus grands camps de prisonniers allemands en Europe, faisant de cette petite commune d’une centaine d’habitants, la première ville du département de la Manche, en termes de population. Une page d’Histoire longtemps oubliée • ©Un reportage de K. Lepainteur et T. Tavitian, Montage S. Le Beon – France 3 Normandie

Voir la vidéo de France 3 et la suite de l’article sur le site France3 Région/France Info

Un programme de dénazification pour ne pas reproduire l’échec de la Première Guerre mondiale

Parmi les prisonniers allemands, de nombreux jeunes soldats sont passés par le camp de Foucarville. 17 000 jeunes de moins de 18 ans au total ! Certains n’avaient que 12 ans. Et pour les Alliés, il était important de rééduquer ces forces vives élevées au nazisme, avant de les renvoyer chez eux.

Article écrit par Karine Lepainteur

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