
Article publié dans Ouest France – 19/05/2016.
La petite commune a sorti de l’ombre un épisode méconnu de l’histoire : l’existence d’un camp de prisonniers allemands où ont transité 100 000 hommes.
Foucarville, c’est une petite commune de 125 habitants rattachée, depuis le 1er janvier, à Sainte-Mère-Église. Une commune qui vient d’exhumer un pan méconnu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale : à partir de juin 1944, elle a abrité un camp de prisonniers de guerre allemands.
En quinze mois, près de 100 000 hommes, hommes de troupes, officiers, officiers supérieurs et maréchaux ont ainsi transité à Foucarville alors placée sous le commandement du colonel Kennedy.
Quelles fonctions pour le camp ?
C’est ce que nous apprend l’exposition, inaugurée vendredi, à l’Airborne museum de Sainte-Mère-Église. « Quand Foucarville nous a sollicités, nous avons répondu oui tout de suite. Accueillir cette exposition entre tout à fait dans nos missions culturelles », souligne Marc Lefèvre, le président du musée.
Toute l’histoire de Foucarville et de son camp de prisonniers qui s’étend alors sur 100 ha, y est racontée. Un village qui s’agrandit, se modernise face à l’afflux constant des prisonniers de guerre avec son éclairage public, son hôpital, ses rues empierrées, son cinéma, son théâtre, son école, son petit train « le rapide de Foucarville ».

Bals et fêtes de l’US Army y sont prisés des Foucarvillais. Mais les échanges entre les prisonniers et la population sont rares. Dans les rapports de la Croix-Rouge, ce camp « est une réussite ». Mais quelle était sa fonction ? Un univers carcéral, un camp de tri, un centre de rééducation ? « C’est tout à la fois, commente Elisabeth Aubert, la maire déléguée. Dans le respect à la lettre des Conventions de Genève », peut-on lire sur un tableau.
Le « Continental central enclosure n° 19 » n’était pas un camp de travail. Enfin, pas tout à fait car si les prisonniers de guerre ne travaillaient pas à l’extérieur, ils ont travaillé à l’aménagement du camp où toutes les compétences étaient utilisées : charpentiers, menuisiers, maçons, chaudronniers, peintres, forgerons, cordonniers, tailleurs…
Dans le camp, sera érigée aussi une église pour les prisonniers et les soldats américains. Rééduquer les jeunes à la démocratie sera la préoccupation constante des Américains. Une rééducation « comme base de la paix et de la construction de la future Allemagne ».