Un musée consacré aux prisonniers de guerre à l’horizon 2028 près de Sainte-Mère-Eglise

Article publié sur France Bleu le 20/05/2025.

Un musée consacré aux prisonniers de guerre doit voir le jour à deux pas de Foucarville. Cette petite commune a accueilli plus de 100.000 détenus allemands de juin 1944 jusqu’à 1946-1947. Ce camp était sous l’autorité d’un lieutenant-colonel américain, Warren J. Kennedy.

C’est une histoire assez méconnue dans le Cotentin. Et pourtant, du 9 juin 1944 jusqu’à son démantèlement en 1947, le camp de Foucarville, une petite commune manchoise d’à peine 240 habitants à l’époque, a accueilli plus de 100.000 prisonniers allemands : c’était d’ailleurs un des principaux camps de soldats de la Wehrmacht en Europe. C’est sur cette base que l’association Warren J. Kennedy porte un projet de « musée sur la captivité en Europe libérée » non loin du site de Foucarville, sur la commune nouvelle de Sainte-Mère-Eglise.

Hôpital, boulangerie et terrain de foot

Le projet est né après la parution d’un livre en 2017 Prisonniers allemands en Normandie, un camp américain à Foucarville, d’Anne Broilliard et Benoît Lenoël.**** L’ouvrage revient sur l’histoire de ce camp de détention « qui a vu arriver des soldats du Reich d’un peu partout en Europe, au gré des batailles et des avancées des Alliés », explique Maya Duburch, directrice générale de l’association Warren J. Kennedy. « Ce camp était sous l’autorité d’un commandant, Warren J. Kennedy, qui était un grand démocrate et qui a voulu gérer ses prisonniers de la façon la plus humaine possible. »

« Il s’avère qu’Anne Broilliard, quand elle a écrit son livre, a pris contact avec la fille du colonel Kennedy, détaille Maya Duburch. Elles se sont tellement liées d’amitié qu’un beau matin, Alice Kennedy a envoyé un violon à Anne en lui disant que c’était des prisonniers qui l’avaient fabriqué pour l’anniversaire du colonel. Petit à petit, Alice va faire don des archives de son père, qui étaient rassemblées dans une malle. Donc on a vu arriver tous ces documents extraordinaires, et ça a été le point de départ du projet », précise Maya Duburch. Très vite, l’idée d’un musée a germé.

Le camp s’étendait sur une centaine d’hectares, dans les champs. Il y avait une entrée à Foucarville, celle des Américains, et une autre à Ravenoville, celle pour les prisonniers allemands. Prévu au départ pour 20.000 hommes, ce camp a reçu pas moins de 60.000 détenus en continu. Ce CCPWE 19 – pour Continental central enclosure n°19 – était une véritable ville avec éclairage électrique, trottoirs, ligne de chemin de fer, une église avec carillon, un hôpital de 1.000 lits, une boulangerie avec cinq fours permettant la fabrication de 18 tonnes de pain par jour, salon de coiffure, cinéma, théâtres et même un terrain de foot !

Éduquer les jeunes à la démocratie

En 1945, 13.000 adolescents des Jeunesses hitlériennes ont débarqué dans le camp. « Et là, Kennedy s’est dit : ‘qu’est ce que je vais faire de tous ces jeunes ?’ Il faut d’abord les éduquer à la démocratie, après des années où ils ont été biberonnés au nazisme. Sur le plan académique, il y a eu des cours donnés par des Allemands en français, anglais, mathématiques, etc. Et puis ces jeunes ont été formés à des métiers, car sur ce camp, il y avait des charpentiers, des serruriers, des couturiers… Le souhait de Kennedy, c’était que ces jeunes prisonniers aient une formation pour que, à leur retour en Allemagne, ils n’aient pas perdu quatre ou cinq années de leur vie sans études, sans rien du tout », confie Maya Duburch.

Les porteurs du projet espèrent attirer « entre 70 et 100.000 visiteurs par an » – TRACKS architectes-Romain Ghomari

Le musée sera situé sur un terrain, juste en face de l’entrée Ravenoville du camp. « C’est un projet écologique, qui respectera l’architecture locale, qui sera très paysager avec des bâtiments en extérieur bois », souligne la directrice générale. Il s’étendra sur environ 1.500 m2 et offrira un parcours sur à peu près 850 m2 articulé autour de trois bâtiments, de la captivité à la libération. Le 7 novembre 2024, le jury a sélectionné l’agence TRACKS architectes, accompagnée d’une équipe de scénographes, paysagistes, désigner, graphistes et ingénieurs. Un musée qui se veut celui « de la sortie de guerre », et qui trouve des échos dans l’actualité (Ukraine, Proche-Orient).

Voir et écouter l’article complet sur le site radio Bleu

Par Pierre Coquelin

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